L’élevage à Jarjayes (Partie 2 – début 20e s. à nos jours )

par | Juil 6, 2025 | MÉMOIRE DES HOMMES | 0 commentaires

Une autre page de l’Histoire de l’Agriculture jarjayaise peut être lue aujourd’hui. Il s’agit de l’élevage des animaux après la première guerre mondiale.

Celui-ci a beaucoup évolué depuis une centaine d’années.

Avant la guerre de 1939/1945, la commune de Jarjayes hébergeait quelques grandes exploitations agricoles et un nombre non négligeable de petits domaines. Dans les deux cas, les animaux présents dans les fermes étaient utilisés comme aide aux travaux des champs ou alors étaient consommés sur place, avec les produits du jardin ; à cette époque, les agriculteurs vivaient en autarcie presque totale.

Pour les travaux des champs et le transport de foin, de paille ou de grains, les chevaux ou les mulets étaient présents dans toutes les fermes. Les chevaux de trait, plus forts, souvent préférés aux mulets, plus « légers », s’y trouvaient majoritaires.

Pour les labours, par exemple, il n’était pas rare de voir des attelages de trois chevaux tirer le brabant ; en revanche, dans les vignes, un seul animal travaillait dans les rangées plus étroites.

Jarjayes 3Chateaux - Labours - Photo Y. Sarret
Jarjayes – Labour  – Photo Sarret

On a pu observer une alternance de production animale.
Prédominance des moutons avant la guerre,
Arrivée de gros troupeaux bovins vers les années 1960-1980,
A notre époque, équilibre entre les moutons et les bovins destinés à la production laitière ou à la production de viande de boucherie.

Dans les fermes, la production de lait destiné à la consommation locale ou vendu à l’un des deux industriels gapençais était assurée par des vaches de race, abondance ou monbéliarde. La traite manuelle, le matin et le soir, ressemblait à une véritable contrainte pour l’exploitant. La production annuelle de lait n’était pas optimum compte-tenu de la qualité et de la quantité d’herbe produite sur des sols à fertilité moyenne sans arrosage et sous un climat déjà chaud.

L’insémination artificielle pratiquée après la guerre a permis d’améliorer les races, d’accroître le rendement laitier d’environ 500l de lait par an et d’éviter les maladies transmissibles par les taureaux non contrôlés et non suivis par les vétérinaires.

Les normes européennes contraignantes avec l’introduction des quotas laitiers, le faible prix de vente du lait à la ferme et le travail lié aux soins des vaches ont peu à peu fait déserter les vaches laitières du paysage de Jarjayes. Quelques grosses exploitations, toutefois, en possèdent encore, jumelant la production de lait à celle de viande.

ATC Jarjayes-1958 Jarjayes Lieudit Prenaille - Joelle garde la vache- Photo M. Michel
1958 Jarjayes Lieudit Prenaille – La garde de la vache- Photo M. Michel

On peut se rappeler un fait, lié à l’équipement de la commune. Une association de distribution d’eau d’arrosage avait proposé à la commune de Jarjayes d’associer les terres irrigables de Jarjayes au projet des Eméyères (quartier de Gap, à la limite de Jarjayes). Dans ce projet, le réseau arrivait à l’angle des parcelles cultivées avec un prix de raccordement et du m3 d’eau faibles par-rapport à l’augmentation du rendement. Jarjayes a refusé l’offre, les Eméyères l’ont acceptée. Lorsqu’on descend à Gap par le col de la sentinelle, actuellement, on passe d’une zone sèche à des prairies verdoyantes : une décision regrettable.

Une particularité de l’élevage bovin, en été, les animaux non producteurs de lait, sont conduits aux alpages dans la région du col de Vars.

Puis, on a vu apparaître les moutons. De gros troupeaux de plus de 500 animaux de race mérinos d’Arles sont visibles à Jarjayes, lorsque la période de l’agnelage est passée ; côtoyer un troupeau avec tous ces nouveaux nés courant après leur mère est un beau spectacle, il faut faire abstraction du sort qui est réservé à ces petits.

ATC Jarjayes- 1958 Troupeau de moutons à Jarjayes Brebis et Joëlle- photo M. Michel
1958 Troupeau de moutons à Jarjayes – Chemin du Carcasson- photo M. Michel

Les loups qui rodent dans les forêts autour de Jarjayes se sont manifestés récemment en attaquant des brebis, proies plus faciles lorsqu’elles sont isolées.

Les petites exploitations, en complément d’autres activités, avaient deux ou trois chèvres. Leur sortie rituelle de l’écurie les voyait trainer sur le sol une longue chaine qui servait à les attacher à un piquet sur le champ de leur propriétaire. La durée du trajet Ecurie-Pâture était plus ou moins longue. Les chèvres mangeaient tout le long du parcours, même chez les voisins… Au retour, elles s’attardaient le long des maisons anciennes pour lécher le salpêtre des murs puis boire au bassin public.
Il ne faut pas oublier le ou les porcs engraissés à longueur d’année avec de la farine et les restes ménagers (le tri sélectif n’est pas une invention écologique moderne). Chaque ferme avait aussi des cages à lapins avec une cage réservée au mâle et une cage par femelle avec sa portée de petits ; chaque jour, eau, grains, herbes étaient distribués aux animaux.

Enfin, les poulaillers étaient rares, les poules se promenaient le long du chemin d’accès à la ferme et autour de celle-ci. Leur présence était guettée par les renards. En 2022, un poulailler moderne, clôturé (sans doute insuffisamment) a vu la moitié de son effectif décimée par un ou deux renards en plein jour, à 20 mètres de l’habitation.
Dans la fable de la Fontaine, les renards s’occupaient de raisins, pas ceux de Jarjayes.

ATC Jarjayes- La Sarrière-Louison et Jean-Louis Samuel (Ph. J. Samuel)
Jarjayes- La Sarrière- vers 1960 (Ph. J. Samuel)

Après guerre, Jarjayes comptait plus de 40 exploitations d’élevage polyvalentes et de taille réduite (pour moins de 250 habitants), excepté quelques leaders que l’on retrouve aujourd’hui. Impossible de tous les citer !

Sur la commune, tout au long des cinquante dernières années, on a pu rencontrer quelques élevages spécifiques qu’il est intéressant de citer maintenant.

Vers les années 1965-1970, à la Roche, Jean Jaussaud était un producteur de porcs renommé. Il avait divisé sa porcherie en « maternité » aux techniques modernes et un local destiné à l’engraissement des animaux de boucherie dont le poids final avoisinait les 110, 120kgs.
Le modernisme de ses installations et la qualité de sa production lui ont permis d’obtenir un prix national à égalité avec un éleveur breton et un éleveur du Massif Central. Tous les trois sont allés présenter leurs techniques en Angleterre dans la campagne entre Coventry et Birmingham.

Plus récemment, champ Espérant abritait un élevage de chèvres de race, chez Monique Raquet.

N’oublions pas la ferme pédagogique du col et le centre équestre « Les Écuries du Rigodon » de la Sentinelle dont la renommée dépasse les limites de la commune.

Jarjayes-Ecuries du Rigodon

A la ferme pédagogique du Col, les visiteurs ont la possibilité de voir évoluer des autruches, des lamas, des chèvres angora, des yacks, des alpagas, des vaches communes, des cochons nains vietnamiens, des lapins angora, des moutons et brebis de tous genres ; le total des animaux est voisin de 200.

CP Jarjayes- Ferme de la Découverte-Photo G. Aurouze
CP Jarjayes- Ferme de la Découverte-Photo de famille, alpagas, mouton de Jacob, mouton de Valachie et d’Ouessan-Ph G. Aurouze

Notre voyage sur la commune ne serait pas complet, si on ne s’attardait pas chez les apiculteurs de la plaine ou du village.

On peut également citer au village un élevage de chiens de race qui, malheureusement, n’a pas duré très longtemps.

Avant de terminer notre circuit et notre propos, attardons nous sur la passion ornithologique de l’un de nos adhérents. Dans son parc-jardin, des volières abritaient près de 150 très beaux oiseaux exotiques au plumage coloré, parmi lesquels on peut, par exemple, citer :
-Les perruches australiennes, de stanley,
-les perruches de Pennant habituées à des altitudes de plus de 2000m
-les perruches à croupion rouge, perruches à collier
-les princesses de Galles, les canaris.
Dans une mare, 70 canards s’ébattaient : canard colvert, nette rousse, mandarin, siffleur du Chili.

Enfin, je voudrais citer un élevage insolite mais productif également réalisé par un membre de notre association.

Il s’agit d’un élevage de lombrics ou vers de terre destinés à enrichir la terre du jardin de leur propriétaire (vermi-compostage); nourris de déchets végétaux, ces vers rejettent un complexe argilo- humique, véritable mine d’or pour les potagers.

Elevage de vers de terre (lombriculture)

Permettez-moi, alors, de conclure ce texte en citant le livre « Humus » de Gaspard Koenig (prix Interallié et finaliste du Goncourt),
« Il s’agit de réhabiliter le rôle des vers de terre , présents à raison de plus d’une tonne à l’hectare. Ils aèrent et enrichissent le sol sans l’apport de produits chimiques ».
Voici, sans doute, une perspective d’avenir écologique très pratique.

Yvan SARRET (2024)

 

L’Association ATC de Jarjayes remercie tous les contributeurs qui ont bien voulu mettre à disposition les photos présentées, et notamment les familles MICHEL, SARRET, VALENTIN et SAMUEL.

Photo d’entête: Le village de Jarjayes, Prenaille et Champ-long au premier plan- années 1950-1960 (Photo M. MICHEL)

Logo_3-Chateaux_Fond Blanc Association Trois Châteaux

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