Dans le cadre de son devoir de mémoire, Jarjayes.com avait publié le 29 août 2020 un article sur les soldats morts pour la France dont le nom figure sur le monument aux morts de Jarjayes.
Je vous invite à redécouvrir l’article Les poilus jarjayais morts pour la France en 1914 – 1918 avant de poursuivre la lecture de celui-ci.
Parmi les jarjayais inscrits sur le Monument aux Morts de Jarjayes, deux noms de soldats n’avaient pas pu être retrouvés, ni dans les archives militaires numérisées, ni dans les autres documents d’archives à disposition sur Internet à ce moment là (recensement, état civil…).
Il s’agit de Arnaud MARGAILLAN et Emile RICARD.
S’agissant de Arnaud MARGAILLAN, des recherches avaient été effectuées sur les recensements quinquennaux, et notamment ceux de 1911 et 1921, celui de 1916 n’ayant pu être réalisé à cause de la guerre.
Ces recherches sur les recensements d’avant et d’après guerre n’avaient pas permis de trouver une famille MARGAILLAN à Jarjayes , jusqu’à ce que je tombe sur un acte de publication de mariage du 23 novembre 1919 sur le site des archives départementales (2E72/22/1), entre GRIMAUD Iréné-Louis, cultivateur domicilié à Chateauvieux et MARGAILLAN Valentine Marie-Rose, sans profession, domiciliée à La Magdeleine, hameau de la commune de Jarjayes, fille majeure de feu MARGAILLAN Paul-Philippe et de GRIMAUD Marie-Berthe, sans profession, domiciliée à Jarjayes.
Une famille MARGAILLAN a donc bien été domiciliée à Jarjayes entre les 2 recensements de 1911 et 1921.
Un autre élément a attiré mon attention : la plaque commémorative en marbre, don du conseiller général CHABRAND, qui est fixée sur le mur de la Mairie donne la liste des poilus morts pour la France en 1914/1918, en les identifiant à partir de la première lettre de leur prénom suivie de leur nom.
Pour MARGAILLAN, l’inscription est la suivante : R. MARGAILLAN.ARNAUD.
J’ai donc effectué des recherches sur la base de données des « Morts pour la France de la Première Guerre mondiale » du site du Ministère des Armées, et je suis tombé sur un René Victor MARGAILLAN né à Piégut (04) le 5 mars 1891, soldat de 2e classe du 28ème Bataillon de Chasseurs Alpins, mort pour la France à La Tête de Faux (Alsace) le 10 décembre 1914.
Une recherche sur les registres de matricules publiés sur le site des archives départementales des Hautes-Alpes (1 R 1051 – Registre matricule, classe 1911, volume 1) a permis de faire ressortir la fiche matricule de René MARGAILLAN :
René Victor MARGAILLAN : n° matricule de recrutement 223. Né le 5 mars 1891 à Piégut (Basses-Alpes), résidant à Lettret (Hautes-Alpes), profession : boucher, fils de feu Philip MARGAILLAN et de Berthe GRIMAUD, domiciliés à Lettret. Incorporé à compter du 1er octobre 1912, arrivé au corps le 11 comme chasseur de 2è classe au 28ème Bataillon de Chasseurs Alpins. Parti aux armées le 7 août 1914. Tué à l’ennemi au combat de la Tête de Faux (Haut-Rhin) le 10 décembre 1914 à l’âge de 23 ans (inhumé à Orbey, H.R).
Il s’agit donc bien du frère de Valentine qui s’est mariée en 1919.
Aucun MARGAILLAN ne figure sur la plaque commémorative ni sur les recensements de Lettret en 1911 et en 1921. Ont-ils habité provisoirement à Lettret avant de s’installer à Jarjayes ? Ou peut-être est-ce une erreur de localisation de l’adresse, le Quartier de la Magdeleine étant limitrophe de la commune de Lettret, simplement séparé par la rivière de La Luye.
Toujours est-il que la mère de René, Marie-Berthe MARGAILLAN et sa sœur Valentine habitaient à Jarjayes à la fin de la Guerre. Il est probable que la petite famille était déjà domiciliée à Jarjayes, au Quartier de La Madeleine en 1914, avant le départ de René au front. Il n’est donc pas surprenant que son nom figure sur le monument aux morts de Jarjayes.
Reste à savoir pourquoi le nom d’ARNAUD est accolé à celui de MARGAILLAN sur la plaque commémorative de la mairie de Jarjayes.
Quant au deuxième soldat, Emile RICARD, dont le patronyme est si répandu dans les Hautes-Alpes que les recherches se sont avérées être beaucoup plus ardues, il est le fils de Auguste Adolphe RICARD né à Pelleautier en 1861 et décédé à Jarjayes en 1903 à l’âge de 47 ans et de Marie Valérie Léoncie LESBROS née à SIGOYER en 1866 et décédée à Jarjayes en 1946 à 80 ans. Le couple habitait au Quartier des Côtes avec leurs 4 enfants au recensement de 1896.
La famille habite encore Jarjayes en 1906 (après le remariage de Marie LESBROS avec Paul GREGOIRE en 1905) mais on ne la retrouve plus au recensement suivant (1911).
La transcription du jugement du 19/07/1921 constatant le décès de Emile RICARD sera effectuée à Pelleautier le 3 août 1921. A noter que cette transcription précise que Emile RICARD est né le 23 septembre 1884 (au lieu de 1893) et qu’il est décédé le 2 octobre 1914 à Monchy-le-Pieux.
Voici un extrait de son registre militaire :
Emile Marin Henri RICARD : n°matricule de recrutement 1019 du registre militaire de 1913. Né le 23 septembre 1893 à Neffes (Hautes-Alpes), profession : cultivateur, fils de feu Auguste Adolphe RICARD et de Marie LESBROS, domiciliés à Pelleautier (Hautes-Alpes). Incorporé à compter du 27 novembre 1913, arrivé au 159ème régiment d’infanterie de Gap le même jour . Décédé des suites de ses blessures de guerre. Inhumé par les autorités allemandes à Neuville-Vitasse. Décès fixé au 2 octobre 1914 à l’âge de 21 ans. Médaille militaire posthume J.O du 30 août 1922.
Le fait que sa mère ait conservé des liens avec la commune de Jarjayes où elle décédera en 1946 explique sans doute pourquoi le nom d’Emile RICARD est présent sur les monuments aux morts de Jarjayes et de Pelleautier.
Il faut également préciser que Emile RICARD avait un frère cadet, Paulin Marin RICARD né le 25 janvier 1896 à Jarjayes incorporé le 8 avril 1915 mais qui a, heureusement, survécu à la Grande Guerre. Celui-ci habitait encore à Jarjayes en 1919 et en 1937 d’après son livret militaire (ML 1015 de 1916).
– Comme vous pouvez le constater, les informations sont encore perfectibles. Mais les recherches effectuées pour retrouver les origines de René MARGAILLAN et Emile RICARD ont, au moins, permis de rendre hommage à deux jeunes soldats fauchés en pleine jeunesse dont le nom figure sur le monument aux morts de Jarjayes mais qui n’intéressent, aujourd’hui, sans doute, plus grand monde.
JS
Relire l’article Les poilus jarjayais morts pour la France en 1914 – 1918
Voir aussi notre article : Les ALLEQ, une famille décimée par la guerre paru en 2023.
Photo d’entête : Monument aux morts de Jarjayes – 1941 (photo mairie de Jarjayes).
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