Le dernier Maréchal-Ferrant de Jarjayes

par | Oct 5, 2020 | MÉMOIRE DES HOMMES | 0 commentaires

Pour retrouver les traces d’un maréchal-ferrant à Jarjayes, il faut remonter le temps de plus d’un demi-siècle. Le dernier en date connu de tous les « anciens » était Marius DELAGUE.

Né en 1910 à Jarjayes, Marius DELAGUE était le fils de Joseph DELAGUE et de Claire RAYNAUD. C’est son père Joseph qui lui a transmis la passion et l’art du métier de maréchal-ferrant.

Marius DELAGUE exerçait dans un village qui n’a rien à voir avec le Jarjayes actuel. A ce propos, nous vous proposerons dans un futur article un sujet d’actualité traitant de l’évolution du village , peut-être sous la forme d’un « libre propos ».

Mais revenons au maréchal – ferrant.

Vers les années 1950, Jarjayes était un village rural avec un nombre d’exploitants agricoles bien plus important que celui d’aujourd’hui. Un rapide tour du village et des hameaux nous fait avancer 15 disparitions d’exploitations depuis cette date.

A l’époque, il n’y avait pas de tracteur ; le travail de labour, hersage, roulage, fauchage ou transport était accompli essentiellement avec des chevaux, des mulets ce qui est commun dans notre région, mais aussi par une paire de bœufs ( Rencontres à Champ Espérant et au Fraysse ).

La nature du sol garni de pierres avait pour résultat une usure assez rapide des fers des chevaux et nécessitait l’intervention d’un maréchal-ferrant.

Marius DELAGUE avait son atelier au Fossé, au pied de la colline de Trois Châteaux où se trouvent la Chapelle et les restes de l’ancien village.

Au Fossé, existaient deux maisons, sans doute les mieux abritées de Jarjayes, avec un point d’eau, une prairie, des cerisiers et une vue imprenable sur la Vallée de la Durance.

L’une de ces maisons était occupée par le maréchal-ferrant avec une habitation, une forge équipée d’un foyer, d’un grand soufflet, d’une enclume et avec une collection de fers neufs impressionnante.

Le travail se faisait à l’extérieur souvent sous le regard d’enfants ou d’amis du maréchal.

Son travail comprenait plusieurs étapes que l’on peut citer :

Attacher la patte du cheval après l’avoir relevée,

Nettoyer le sabot et couper la corne avec une lame plate frappée au marteau,

Faire chauffer le fer neuf dans des braises et le poser sur le sabot. La forte chaleur brûle la corne , fumée et odeur se dégagent alors. Cette opération a pour but de rendre la surface du sabot bien plane et adaptée au fer qu’elle va recevoir,

Refroidir le fer dans un bac d’eau,

Fixer le fer sur le sabot à l’aide de clous à tête carrée. La tête du clou vient se loger dans le fer dans un emplacement prévu à cet effet. Petit détail, les clous sont enfoncés en biais pour que la pointe sorte du sabot avant d’être recourbée comme un crochet sur celui-ci.

Voilà le processus. Généralement, tout se passe bien mais parfois, le maréchal-ferrant rencontrait des difficultés surtout par temps orageux lorsque les mouches et les taons venaient piquer les animaux qui alors bougeaient beaucoup.

Peu à peu, les tracteurs ont fait leur apparition, les exploitations agricoles de petite taille ont disparu au profit des cinq ou six qui subsistent encore actuellement (sur une vingtaine au départ). Les chevaux de trait ont fait place aux matériels essence ou diesel. Le maréchal-ferrant privé de travail à Jarjayes a trouvé un emploi à Gap où il est devenu installateur de machines à traire pour le compte d’une coopérative agricole.

Sa maison du Fossé a été démolie, les pierres vendues, mais ceci est une autre histoire.

A propos d’histoire, nous avons demandé à Michèle Chène, notre trésorière, mais aussi spécialiste de recherches généalogiques de bien vouloir étudier si d’autres maréchaux- ferrant avaient travaillé sur la commune.

Voici la liste des maréchaux-ferrants apparaissant dans les recensements réalisés depuis 1836 :

– Jusqu’en 1856 : SARRET Joseph né vers 1800, apparaît sur le recensement de 1836 (premier recensement de population réalisé dans les Hautes-Alpes précisant la profession) .

– Son fils SARRET Joseph-fils, né vers 1829 lui succède (recensements de 1851 à 1861).

– 1861 GARAGNON André 43 ans

– 1866 à 1872 : SARRET Vincent né vers 1832

– 1876 à 1881 : Antoine DUPONT, Maréchal né en 1825

– 1886 CEINTURIER Jacques forgeron

-1886 : BROCHIER Camille Maréchal ferrant âgé de 19 ans

– 1886: Alexandre GUIGUES né en 1810 ans et son fils Pierre né en 1859

Joseph DELAGUE, né à Marseille en 1873, a été formé par Pierre GUIGUES chez qui il était employé (recensement de 1891) et à qui il a succédé.

Son fils Marius sera le dernier représentant du métier de la maréchalerie à Jarjayes, métier qui a disparu dans les années 60 avec les derniers chevaux de trait.

Actuellement, Daniel SAUNIER, ferronier à Jarjayes, perpétue en quelque sorte la tradition;

Yvan SARRET
Président de l’Association Trois Châteaux
Octobre 2020

 

 

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